Le portrait en majesté du petit prince


    Le petit prince apparaît en majesté, dans une pose qui n’est pas sans rappeler le célèbre portrait de Hyacinthe Rigaud : Louis XIV, roy de France.


    On y retrouve en effet la même attitude, typique des portraits princiers qui dessinent un triangle équilatéral dans l’espace et imposent pour ainsi dire leur personnage en lui donnant de la stabilité et une certaine assise. Le petit prince, comme Louis XIV, est vêtu d’un ample manteau, de bottes et tient une épée – emblèmes du guerrier et de la noblesse ; les couleurs sont l’or et le rouge – couleurs princières – tandis que l’habit blanc suggère la pureté.
    Mais le petit prince est représenté sur un mode mineur et dégradé : les couleurs connaissent un affaiblissement (le rouge en pastel et l'or en jaune) et l’épée ressemble à un jouet. On note donc moins d’apparat, de pompe et de hauteur et plus de spontanéité et de naturel chez le petit prince que chez Louis XIV, dit Louis le Grand : ce n’est en effet qu’un petit prince (« Puis il se dit encore : ‘‘Je me croyais riche d’une fleur unique, et je ne possède qu’une rose ordinaire. Ça et mes trois volcans qui m’arrivent au genou, et dont l’un, peut-être, est éteint pour toujours, ça ne fait pas de moi un bien grand prince...’’ »).
    On a ici une réduction parodique qui reprend les codes princiers de Rigaud mais les détourne et les subvertit de façon ludique : le petit prince, c’est l’anti Louis XIV !


Laurent de Galembert,

professeur agrégé et docteur ès Lettres.

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